Duhamel du Monceau    

LE CHÂTEAU BOTANIQUE

  • A Pithiviers, les gâteaux méritent le détour, les châteaux aussi. Celui de Denainvilliers est un véritable bijou de style Louis XIII, il fut le repaire d’un grand savant du 18ème siècle. Pour les gourmands d’histoire et de science.
Visiter le château de Denainvilliers, c’est (re)découvrir le style Louis XIII. Mais c’est aussi entrer dans la demeure d’une tête pensante du 18ème siècle : Henry-Louis Duhamel du Monceau. Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, c’est lui qui importa en France le cèdre du Liban, le chêne rouge d’Amérique et le pin de Riga. Botaniste de renom, il fut l’un des pères de l’agronomie et de la sylviculture moderne. Incursion dans l’antre d’un savant aux mains vertes.

Un château à la déco Louis XIII
Le Château de Denainvilliers est situé à Dadonville, commune du canton de Pithiviers. Construit au 17ème siècle, entre 1620 et 1638, il recèle en ses murs un mobilier et une décoration d’origine, véritables joyaux de style Louis XIII. Un style qui découle de celui de la Renaissance tout en se nourrissant des arts décoratifs espagnol, flamand, néerlandais et italien. Toujours très ouvragés, les meubles sont plus confortables qu’avant.
Pour épater la galerie en reconnaissant le style Louis XIII au premier coup d’oeil, retenez que : le bois était sculpté en forme de torsade, et particulièrement les pieds de tables et de chaises ; les tabourets et les fauteuils dits "chaire à bras" - avec d’imposants accoudoirs- étaient tapissés ; l’ébène était utilisé pour la première fois. Et pour le détail qui tue : les encadrements de miroirs étaient fabriqués à partir d’écailles de tortue.

Un châtelain savant
Ce château fut la propriété de la famille Duhamel depuis le 16ème siècle. Le plus connu est Henry-Louis Duhamel de Monceau (1700-1782), un des plus grands scientifiques européens du 18ème siècle. Sa passion pour la botanique le conduit à étudier à Paris au Jardin du Roi, l’actuel jardin des Plantes. Il se fit très vite remarquer en sauvant, en 1728, les champs de safran du Gâtinais d’un terrible champignon. Dès lors membre de l’Académie des sciences, l’homme se consacre corps et âme à la science. Au Château de Denainvilliers, Duhamel Monceau collectionna des oiseaux, des pierres, et des maquettes d’instruments aratoires (destinés au labourage). Il y fit construire en 1750, un moulin dit à la polonaise, c’est-à-dire qui fonctionne à l’horizontal. Unique en France.

L’homme qui aimait les arbres
Le parc du Château du Denainvilliers, véritable terrain d’expérimentation pour Duhamel, accueillit de nombreuses plantations d’arbres qu’il ramena de ses multiples voyages. Car l’arbre et le bois sont au cœur des préoccupations du savant. L’Académie des Sciences l’engagea pour participer à l’amélioration du bois utilisé dans les constructions navales. Nommé en 1739 inspecteur général de la marine, il n’en continua pas moins à se consacrer à son traité complet des arbres et des forêts. Publié entre 1755 et 1768, ce traité de 6 ouvrages, véritable best-seller pour l’époque, fut même traduit en plusieurs langues.


Henry-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782)

Duhamel du Monceau en 10 dates (1700-1782)


1700 : Naissance à Paris.
1718-21 : Études de droit à Orléans.
1728 : Duhamel sauve le safran.
1730 : Associé botaniste à l'Académie des Sciences.
1738 : Membre de l'Académie des Sciences.
1739 : Inspecteur général de la Marine.
1748 : Don à Louix XV de sa collection de maquettes.
1755-68 : Publication du Traité des arbres et des forêts.
1765 : Création de l'Ecole des ingénieurs constructeurs de la Marine.
1782 : Décès à Paris.
 
Denainvilliers : la demeure de Duhamel
Le Château de Denainvilliers se trouve à Dadonville. Duhamel du Monceau a passé la plus grande partie de sa vie dans cette demeure proche de ses terres et propriété de son père puis de son frère. Dans le parc, il reste encore des arbres plantés par le savant lui-même. Son actuel propriétaire, Joseph de Pelet, y est arrivé il y a une cinquantaine d'années : " La maison était alors à l'abandon. " L'homme, tout en remettant son château en état, s'est pris de passion pour l'histoire des lieux.
Il a découvert qu'au fond de sa cour la tour était une construction unique en France : un moulin dit à la polonaise. " Duhamel le construisit vers 1750, c'est un moulin à vent horizontal et un silo de conservation, ancêtre du silo à ventilation forcée universellement utilisé de nos jours. " Joseph de Pelet a installé dans une pièce un petit musée dédié à Duhamel du Monceau. Le fonctionnement du moulin y est décrypté. La verrerie de laboratoire utilisée par Duhamel y est présentée, tout comme différents relevés de météorologie. On y trouve également divers objet rappelant ses passion pour la marine, les arbres et l'agronomie.

Pratique : Visites guidées uniquement, ouvert en août et les week-ends de septembre de 14h30 à 18h.



Duhamel du Monceau, un grand savant philanthrope

Duhamel du Monceau, seigneur de Denainvilliers dans le Pithiverais a sa place au panthéon des grands scientifique des Lumières. Un immense appétit de savoir. De la botanique à l'architecture navale, le domaine de ses recherches était sans limite. Selon Condorcet, il était " un des hommes les plus instruits d'Europe ", correspondant aux quatre coins du continent avec les sociétés savantes. Les forêts françaises lui doivent beaucoup. Il y a introduit le pin de Riga, le chêne rouge d'Amérique et le cèdre du Liban. De 1755 à 1768, il publia la bible des forêts, le Traité des arbres et des forêts.

Ce fut un best-seller pour son époque, traduit dans plusieurs langues. Né en 1700 à Paris, Henry-Louis Duhamel est le troisième enfant du seigneur de Denainvilliers, terre proche de Pithiviers. Il fait son droit à Orléans puis étudie à Paris au Jardin du Roi (futur Jardin des plantes). Grand humaniste, Duhamel est convaincu que le progrès conduira à une société meilleure. Diderot parle de lui comme du modèle du savant philanthrope.

Une vie vouée à la science. Duhamel acquiert en 1727 une propriété à Pithiviers-le-Viel, le Domaine du Monceau. L'année suivante, il connaît son premier titre de gloire en sauvant le safran du Gâtinais et du Pithiverais ravagé par un mystérieux champignon. Sa découverte lui ouvre les portes de la prestigieuse Académie des Sciences. Il alterne séjours à Paris, voyages à travers l'Europe et retour sur ses terres. L'homme y retrouve sa famille, en particulier son frère aîné et ses neveux, qui l'aident dans ses recherches.

Duhamel ne se marie pas et semble avoir voué sa vie à la science. Les terres du Monceau, de Vrigny et de Denainvilliers se transforment en plantations. Le savant y teste grandeur nature ses recherches. Il poursuit des recherches sur le machinisme agricole et sur la conservation des grains. Il est un des initiateurs des mouvements agronomiques du XVIIIe siècle. Il est aussi un pionnier de la météorologie en réalisant quarante années de constations climatiques sur ses terres.

Une carrière de grand commis de l'Etat. À partir de 1731, il ajoute à toutes ses activités une carrière de grand commis de l'Etat. Le ministère de la Marine cherche une technique pour courber le bois de construction des vaisseaux. Duhamel se charge de l'étude. Il sillonne les ports et les arsenaux. La marine lui est redevable d'un nombre incalculable d'avancées dans les domaines des constructions, de la corderie, de la voilerie et de l'artillerie. Promu en 1739 Inspecteur général de la Marine, il fonde quelques années plus tard l'Académie de Marine. Jusqu'à la fin de ses jours, il fera autorité dans ce domaine.

C'est d'ailleurs sa collection de maquettes qui sera à l'origine du musée de la Marine de Paris. Homme de génie, d'observation et d'intuition, Henry-Louis Duhamel du Monceau meurt en 1782, couvert de gloire et d'honneurs. L'homme a depuis sombré dans un quasi anonymat, connu de seulement quelques spécialistes. Il a mérité aujourd'hui de retrouver toute sa place dans l'histoire.