Luís Vaz de Camões
D’après un portrait de François Gérard.
D’après un portrait de François Gérard.
Monument à Camões, Lisbonne.
Monument à Camões, Lisbonne.
Statue à son effigie.
Statue à son effigie.

Luís Vaz de Camões, dit « le Camoëns » est un important poète portugais, né vers 1525, mort le 10 juin 1580 à Lisbonne. Il est l’auteur de poèmes dans la tradition médiévale (redondilhas) ou pastorale, de sonnets inspirés de la Renaissance italienne, et particulièrement de l’épopée nationale des Lusiades (en 1572 mais peut-être déjà achevée en 1556).

Camoëns est considéré comme le plus grand poète du Portugal, et fait l’objet d’un véritable culte de la part du peuple portugais en général, et des gens de Lettres en particulier, à l'instar de Shakespeare pour la Grande-Bretagne. Son nom est toujours cité avec révérence et gravité. L’épopée des Lusiades est associée au renforcement du sentiment national portugais et a contribué à son essor. Son génie est comparable à celui de Virgile, de Dante ou de Shakespeare. Parmi ses œuvres, l’épopée des Lusiades est la plus représentative.

Biographie succinte de Luis Vaz de Camoens

Camoens, Luis de (v. 1524-1580), est l'un des plus grands poètes portugais dont l'œuvre majeure les Lusiades (1572) est devenue le poème national du Portugal. Camoens vit probablement le jour à Lisbonne. Après des études à l'université de Coimbra, il devint précepteur à la cour de Jean III.

La vie de Camoens est souvent considérée comme une romanesque suite de malheurs, dont le premier survint lorsqu'il blessa pendant la fête-dieu un suivant du roi, ce qui lui valu d'être emprisonné. Libéré, il s'éprit d'un violent amour pour Catherine d'Atayde, l'une des demoiselles d'honneur de la reine, à laquelle il écrivit des poèmes d'amour, mais le père de la jeune femme l'apprenant, le fit exiler.

Il fut donc évincé de la cour en 1546 à la suite de cette affaire de cœur avec Catherine d'Atayde. Cet événement marqua le début d'une vie aventureuse et souvent malheureuse. Contraint de s'exiler, il embrassa la carrière militaire et partit pour le Maroc. En 1547, il perdit un œil au cours d'une bataille au Maroc, puis, en 1550, il rentra à Lisbonne où il fut emprisonné après une bagarre de rue. Libéré en 1553, il décida alors de s'embarquer pour les Indes.

N'ayant plus de patrie, et presque défiguré, il tenta sa chance en s'embarquant pour l'Inde mais la flotte sur laquelle il était embarqué sombra au cours d'une tempête. Il atteignit pourtant Goa, où il put passer quelques années heureuses et écrire contre les mauvais traitements que les portugais faisaient subir aux nations qu'ils avaient colonisées.

C'est sans doute à cette période qu'il commença à élaborer les Lusiades (« les Lusitaniens », c'est-à-dire, les Portugais), poème épique en dix chants évoquant l'histoire du Portugal greffée sur la relation du voyage maritime de Vasco de Gama vers les Indes. S'inspirant des sources des chroniqueurs, Camoens a transposé les faits en insérant digressions, descriptions, merveilleux païen et événements surnaturels.

Il fit publier sa grande oeuvre 'Les Lusiades' dès son retour à Lisbonne en 1572, qui fut admirée. Pour autant, ceci n'empêcha pas le poète de vivre dans la misère, et il passa les dernières années de sa vie dans l'indifférence et le dénuement.
Il mourut à Lisbonne le 10 juin 1580 dans l'indifférence générale, seul sur un grabat.

Origines et jeunesse

Sa date et son lieu de naissance sont incertains, mais on estime qu’il est né aux environs de 1525 à Constançia, près de Santarem, d’une famille d’origine galicienne d'abord fixée à Chaves, et ensuite à Coïmbre, puis Lisbonne.

Son père était Simão Vaz de Camões et sa mère Ana de Sá Macedo. Par son père il serait descendant du troubadour galicien Vasco Pires de Camões, par sa mère, apparenté au navigateur Vasco de Gama.

Entre 1542 et 1545, il vit à Lisbonne, délaissant les études pour fréquenter la cour de dom João III, où il se fit une renommée de poète. Il vécut quelque temps à Coimbra où il doit avoir suivi les humanités, peut-être au monastère de Santa Cruz, où il avait un oncle prêtre, Dom Bénto de Camões. Cependant il n'a été retrouvé aucune trace d’un passage du poète à Coimbra, mais la culture raffinée qui ressort de ses écrits fait de la seule université du Portugal en ce temps là l’endroit où il est le plus probable qu’il ait étudié.

Lié à la maison du comte de Linhares, dom Francisco de Noronha, et peut-être précepteur de son fils dom António, il le suivit à Ceuta en 1549 où il resta jusqu’en 1551. Cela arrivait souvent dans la carrière militaire des jeunes, comme le rappelle l’élégie Aquela que de amor descomedido. Dans un combat, une flèche l'éborgna :

(...)
Passant la longue mer, qui tant de fois
Menace me fut de la vie chère ;
Maintenant expérimentant la rare
Furie de Mars qui sans attendre
Dans les yeux voulut que je visse
Et touchât son fruit acerbe,
Et dans ce mien écu

La peinture se verra de son infection.

De retour à Lisbonne, il ne tarda pas à renouer avec la vie de bohème. On lui prête plusieurs amours, non seulement avec des dames de la cour mais selon la légende, avec l’Infante en personne, Da. Maria, sœur du Roi D. Manuel I. Il serait tombé en disgrâce, au point d’être exilé à Constáncia. Il n’existe, cependant, pas le moindre fondement documentaire de cette histoire. Une autre légende lui attribue une vive passion pour une grande dame, la comtesse de Linhares, D. Violante de Andrade, ce qui l'aurait fait exiler à Santarém. Ce qui est certain c'est que le jour du « Corpo de Deus » (Corps de Dieu) de 1552, il blessa au cours d’un combat un certain Gonçalo Borges. Arrêté, il fut libéré par lettre royale de rémission le 7 mars 1553, et s’embarquer pour servir aux Indes dans l’armée de Fernando Álvares Cabral, le 24 du même mois.

Orient

Il resta quelque temps à Goa, puis fut exilé en 1556 à Macao, pour avoir censuré le vice-roi dans une satire. Ce serait là, dans une grotte qui porte aujourd'hui son nom, qu'il composa le poème qui l’a immortalisé, les Lusiades (ou Lusiadas), où il chante la gloire des Portugais (en latin lusitani), les exploits et les découvertes de Vasco de Gama. Au bout de cinq ans, rappelé de son exil, assailli par une tempête, il fit naufrage sur les côtes de la Cochinchine en retournant à Goa :

"Tu vois, par le Cambodge, le fleuve Mékong,
(...)
Celui-là recevra, placide et large,
Dans ses bras les Chants humides
Du triste et misérable naufrage,
Échappés des bas fonds tourmentés,
De la faim, des grands périls, quand
L'injuste commandement sera exécuté,
Sur celui dont la lyre sonore

Sera plus fameuse que fortunée."

(Chant X , 128, des Lusiades)

Dans ce désastre, sauvant de manière héroïque le manuscrit de son poème déjà bien avancé, sa compagne Dinamene célébrée dans de nombreux poèmes serait morte.

De retour à Goa, avant août 1560, il demanda la protection du Vice-Roi Dom Constantino de Bragance dans un long poème octosyllabique. Emprisonné pour dettes, il adressa une supplique en vers à son nouveau Vice-Roi, Dom Francisco Coutinho, pour sa libération.

En 1568 il retourna au Royaume, et fit escale dans l'île de Mozambique, où, deux ans plus tard, le chroniqueur Diogo do Couto, son ami, le rencontra comme il le racontera dans ses Décades (8ème), ajoutant que le poète était "si pauvre qu'il vivait des amis". Il travaillait alors à la révision de son poème, et dans la composition du "Parnasse de Luis de Camões", avec poésie, philosophie et autres sciences", oeuvre volée et jamais retrouvée.

Diogo do Couto lui paya le reste du voyage jusqu'à Lisbonne, où Camões arriva en 1570.

C'est en 1572 qu'il publie Les Lusiades.

Il dédie son épopée au jeune roi Sébastien Ier qui lui accorde une petite pension qui lui permettra de vivre, modestement, et 8 ans plus tard, à Lisbonne il assiste au départ de l'armée du Portugal, avec en tête son propre roi Sébastien, pour le Maroc.

Il avait proposé d'être le chantre de cette guerre africaine mais Diogo Bernardes lui fut préféré. Cette expédition fut un désastre connu pour la Bataille des trois rois morts, ou d'Alcacèr Quibir (El Ksar el Quibir). Sébastien y trouva la mort ainsi que la fine fleur de la jeunesse portugaise. Après quoi quelques années plus tard le Portugal allait être rattaché à la couronne espagnole, et allait naître le mythe du retour du roi Sébastien, par une nuit de brume pour rendre au Portugal sa grandeur passée.

C'est ainsi que meurt Luis de Camões, cette même année 1580, peut-être dans une maison de Santana, à Lisbonne, ou bien misérablement dans un Hôpital, c'est selon, et avec lui l'âge d'or du Portugal, que son poème épique avait si bien chanté. Il aurait eu selon Almeida Garrett, ces derniers mots :

« Avec moi meurt le Portugal. »
Et Miguel Torga ajoute en épitaphe :
Luís Vaz de Camões.
Infortuné poète et tutélaire.
Fit le Miracle de ressusciter
La Patrie où il est né.

Quant, voyant, il la vit
Sur le chemin de la noire sépulture,
Dans un poème d'amour et d'aventure
Il lui donna la vie
Perdue.
Et maintenant,
En cette seconde heure
De tristesse vile,
Immortel,

C'est encore lui l'unique certitude
Du Portugal.

Les Lusiades et l’œuvre lyrique

Un monument lui a été érigé à Lisbonne.

Quelques œuvres

Outre les Lusiades, Camoëns a composé des odes, des élégies, des sonnets, des satires et quelques tragédies.